Les affranchis

Ça commence à renarder sévère dans ce bon bourbier qu’est la France.

Le gouvernement est sur le point de réussir son plan comm’ dans l’affaire Woerth-Bettencourt en n’hésitant pas à se faire fabriquer par l’administration des rapports sur mesure dont on peut sérieusement douter de la fiabilité, à user de toute son influence sur les médias et le juge du dossier ou encore en faisant pression sur un témoin à charge.

Mais de toute évidence, cette démonstration de maîtrise des techniques mafieuses est insuffisant pour des politiciens qui ont juré de faire étalage de l’ensemble de leurs talents en la matière.

Jean Arthuis et Philippe Marini sortent donc du placard le Borsalino et la Thompson :

Enfin, au nom de l’équité, les deux sénateurs proposent un emprunt obligatoire: «Les 10% de Français qui paient le plus d’impôt sur le revenu devront souscrire à cet emprunt qui sera l’équivalent à 5% de leur impôt. Ils seront remboursés trois à cinq ans plus tard.» La France a déjà testé le produit, mais sous le gouvernement socialiste de Pierre Mauroy…

Traditionnellement on rackettait son prochain afin d’obtenir les moyens d’assurer au mieux sa protection. Aujourd’hui, l’objectif est bien plus spirituel puisqu’il est question d’équité.

Jugez plutôt : Ceux qui payent le plus d’impôt (et en France c’est pas rien) devront payer encore plus d’impôt. De l’équité comme ça, moi ça me fait penser à ces agences de la Poste ou de la Sécu qui décident de fermer une heure plus tôt pour « améliorer la qualité du service ».

Pour ceux que le recours à l’équité ne convaincrait pas, nos affranchis ont un plan B : la solidarité. Bien entendu, chacun sait que la vraie solidarité ne peut s’exprimer qu’avec un Colt 1911 sur la tempe. D’ailleurs, nos deux gangstas ne s’y trompent pas et n’hésitent pas à citer comme précédent historique, les emprunts lancés en 1793 par la Convention nationale sur « les riches, les égoïstes et les indifférents ». Prendre la terreur comme référence, il fallait oser. Pour le coup, question heures les plus sombres de notre histoire, on est plutôt pas mal ! Voilà en tout état cause qui donne une nouvelle confirmation du niveau d’exigence morale et de respect des libertés individuelles qui sied à nos élites.

Nos mafieux terminent en mettant en garde contre toute volonté d’assimiler cet emprunt obligatoire à un nouvel impôt. Ils ont parfaitement raison ! Ce n’est pas un impôt et c’est bien pour ça que les contribuables sollicités pourront s’assoir sur leur bouclier fiscal. Par contre, pour le remboursement, ce sera quand on pourra hein, parce qu’on est fauchés comme les blés et qu’on a d’autres priorités pour le moment.

Ce n’est pas un nouvel impôt. Ils ont réussi à faire encore pire !

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